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Comment bâtissait-on au Moyen-Âge?
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Inventaire de Cahors : étude des édifices

La construction en pierre

Deux pierres de nature et d'origine différentes ont été mises en oeuvre dans les bâtiments du XIIe au XIVe siècle à Cahors : le calcaire froid dit "pierre de Cahors" et le grès dit "de Figeac". Chacune d'entre elles avait une utilisation spécifique dans la construction en fonction de ses propriétés mécaniques.

La "pierre de Cahors"

Il s'agit d'une pierre calcaire extraite des coteaux qui entourent la ville. Elle est froide, généralement d'une teinte gris bleuté. Très dure, elle éclate sous le marteau et se prête mal à la taille au ciseau.
En raison de sa bonne résistance à la charge, la "pierre de Cahors" est le matériau des éléments porteurs des rez-de-chaussée comme les piliers et les piédroits des portes et baies de boutique, ou les consoles des encorbellements des murs latéraux des maisons à pan-de-bois . A l’intérieur, la pierre a été employée pour la fabrication des corbeaux qui soutiennent les poutres ou les hottes des cheminées. Sa dureté en fait le matériau exclusif des seuils des portes et des marches d'escalier et on la trouve encore pour les chaînes d’angle, exposées au passage, d’édifices par ailleurs entièrement bâtis en briques. Enfin, elle est presque toujours employée pour les appuis, les coussièges et les cordons d'appui des fenêtres qui n’offrent de ce fait qu’une mouluration sommaire en chanfrein ou en quart de rond. En effet, les cordons d'appui en grès, comme on en trouve dans d'autres villes, sont rares à Cahors.
La pierre de Cahors a été utilisé comme pierre de taille durant une période relativement brève allant du XIIIe au XIVe siècle. Il était auparavant employé en moellon équarri plus ou moins assisé, comme au N° 63 rue du Château-du-roi [notice], daté de 1ère moitié du XIIe siècle, où les moellons ont été soigneusement équarris . Après le XVe siècle il a été surtout employé en moellon de tout venant. Au XIIIe siècle, seuls les édifices prestigieux et les demeures exceptionnelles sont entièrement bâtis en pierre. Pour la plupart des constructions, seule la façade sur rue est bâtie en pierre. Toutes les autres élévations sont en brique mêlée de pierre.
Entre le XIIe et le XIVe siècle nous constatons une régularisation progressive des appareils. L'engouement croissant pour les maçonneries lisses et homogènes, ajouté au coût élevé de la pierre de taille, a contribué à l'adoption, à partir de la fin du XIIe siècle, de la brique.

Le grès de Figeac

Le deuxième type de pierre employée à Cahors est le grès de Figeac. Ses caractéristiques physiques font de lui le matériau exclusif des éléments moulurés ou sculptés. Le grès figeacois a été importé pour faire les bases, colonnettes et chapiteaux des fenêtres géminées et des cheminées, ainsi que les cordons moulurés des façades ou les nervures des rares voûtes d’ogives de la ville.
Le grès dit "de Figeac" a été le matériau privilégié du décor sculpté depuis le XIIe siècle et jusqu'à la fin du XIVe siècle, et c’est là sa première fonction à Cahors, Sur l'exemple de la fenêtre de l'étage de l'Hôpital de Grossia [notice], ltout le réseau du remplage, le chapiteau, la base, les archivoltes et les cordons régnants ont été taillés dans du grès de Figeac. Plus facile à travailler, il a dû être importé en quantités non négligeables, mais Cahors n’en a pas pour autant importé l’abondant décor sculpté qui caractérise les maisons médiévales figeacoises.
La seconde fonction du grès de Figeac était de recevoir des éléments métalliques scellés dans des appareils en pierre calcaire ou en brique. Ainsi, des cubes en grès étaient intégrés aux murs à l'endroit où s'inséraient les gonds et les gâches des portes et de placards. Sur les façades principales, des cubes similaires recevaient parfois des crochets métalliques qui devaient servir à soutenir des auvents. Ces pièces en grès sont d'ailleurs précieuses pour la restitution lorsque les crochets ont disparu des murs. Le grès a été aussi employé en plaques minces : pour les sommiers des baies géminées et pour les claveaux des arcs des portails d’entrée.
Exceptionnellement le grès a aussi été employé pour bâtir des façades en pierre de taille, à l’instar du massif occidental de la cathédrale élevé dans les années 1260-1280.
La tour du Palais de Via [notice] en est le plus bel exemple : ce prestigieux édifice réserve des parements de grès à sa tour, symbole de son prestige. Un bel appareil réglé de grès apparaît aussi à l'étage de l'hôtel Marcilhac au N° 116 rue Nationale [notice]. C'est le matériau même, par contraste avec les appareils en pierre calcaire majoritaires dans la ville, qui donne un caractère étranger à ces édifices.

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