Où habitaient les cadurciens du XIIe au XIVe siècles?
Comment bâtissait-on au Moyen-Âge?
Comment fait l'archéologue pour dater une maison?
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Inventaire de Cahors : étude des édifices
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Les matériaux et leur mise en oeuvre du XIIe au XIVe siècle

La maison médiévale de Cahors connaît trois matériaux de construction du gros-oeuvre : la pierre, la brique et le bois. Les deux premiers correspondent aux édifices qui nous sont parvenus en plus grand nombre, en raison de leur solidité, et dans le meilleur état de conservation. Cette abondance relative fait de ces maisons les mieux connues à l'heure actuelle. Les façades en pan-de-bois se sont sans doute moins bien conservées, mais elles sont également moins faciles à dater par leur seule mise en œuvre : les trois maisons de Cahors qui sont sûrement antérieures à 1400 sont donc exceptionnelles.
Cahors est entourée de coteaux de calcaire qui ont de tout temps fourni une large part de la pierre à bâtir. Il s’agit d’un calcaire froid, très dur, qui a été employé en moellon de tout venant, ou grossièrement équarri ou en pierre de taille. La "pierre de Cahors" est néanmoins difficile à tailler et elle est de ce fait peu utilisée pour les décors sculptés ou même les moulures un peu complexes.
Depuis l’Antiquité romaine, c’est le grès dit "de Figeac" (il provient en fait d’une large zone autour de Figeac et le long de la vallée du Célé) qui est employé pour tout le décor monumental sculpté. C’est un grès à grain fin, d’un jaune pâle teinté parfois de rouge, qui se taille aisément.
Quant au tuffeau, nous ne le retrouvons employé qu'en tant que matériau des hourdis des pans-de-bois, concurremment avec la brique ; nous ignorons tout de sa provenance.

Situé en pays de pierre, Cahors a vu paradoxalement une grande partie de son bâti médiéval se développer en brique (cette dernière est, au XIVe siècle, le matériau de construction de plus de la moitié des édifices). Les lieux de productions ne sont pas connus. Une briqueterie ou tuilerie située à deux kilomètres en amont de Cahors, au lieu-dit las teulieras, est mentionnée en 1364, mais rien n'exclut un approvisionnement plus lointain, jusqu'à vingt ou trente kilomètres, comme c'était le cas à l'époque romaine.
Le bois est omniprésent dans la construction. En gros-œuvre, c’est bien sûr le matériau des planchers et des charpentes, mais également des cloisons intérieures, des escaliers secondaires et des galeries extérieures. Un nombre important de maisons, un tiers peut-être au XIVe siècle, présentait des façades en pan-de-bois sur des rez-de-chaussée bâtis en pierre ou en brique. Le chêne est la principale, voire la seule essence employée à Cahors. Il était sans doute acheminé par flottage sur le Lot.
L'observation attentive des matériaux et de leurs techniques de mise en œuvre est nécessaire pour comprendre comment sont construites ces maisons. Elle nous donne aussi des pistes pour établir des chronologies relatives qui nous permettront, dans le troisième volet de notre visite, de saisir les méthodes et les critères de datation archéologique des édifices médiévaux.

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