L'apparition de la sculpture gothique à Cahors
L’apparition du vocabulaire du gothique français à Cahors
est à peu près contemporaine de la "rénovation"
de la cathédrale, dont les travaux débutent vers 1260. À
partir du milieu du XIIIe siècle, il n’y a plus de décalage
entre les décors des édifices civils et religieux et les datations
des uns peuvent donc être reportées sur les autres. Beaucoup
plus abondant que pendant la période précédente, le décor
est désormais le fait de véritables sculpteurs.
La première flore gothique consiste en des feuillages naturalistes,
à l'exemple des feuilles d'armoise qui ornent la corbeille
d'un chapiteau
de cheminée du n°
321-333 rue Nationale [notice]
La qualité de son exécution est comparable à la délicate
sculpture de l'église Sainte-Urcisse [notice].
Sur la façade de cette maison est conservée une frise continue,
à hauteur d'imposte, de feuilles de marronnier, comme on en trouve
aussi sur les chapiteaux-frises
de la porte du N°
230 rue Nationale [notice].
De moins bonne facture, les feuilles à limbes creux du n°
52 rue de Lastié [notice]
appartiennent néanmoins à ce même courant stylistique.
Ces feuillages évoquent les nouvelles fenêtres de l'abside de
la cathédrale.
Durant une deuxième phase du chantier de la cathédrale, dans
les années 1280, des motifs végétaux boursouflés
apparaissent dans les chapelles latérales et le massif occidental,
et on en retrouve d'analogues sur un chapiteau
du n°
35 rue de Lastié [notice],
à grandes feuilles au limbe très mouvementé. Les feuilles
de lierre et de chêne de petite taille et aux limbes renflés,
attachées par le pédoncule à une tige horizontale et
disposées sur deux rangs, sont encore employées au début
du XIVe siècle au Palais
de Via [notice].
Par ailleurs, on trouve à Cahors des chapiteaux
à têtes humaines, ou protomes, sur des corbeilles
nues du Palais
Duèze [notice]
(sans doute vers 1300) et du n°
35 rue de Lastié [notice].
La belle tête de feuilles qui ornait un chapiteau
de fenêtre du n°
104 rue Feydel [notice]
rappelle celle d’une clef de voûte du massif occidental de la
cathédrale. Enfin, la tête d'évêque remployée
au n°
18 rue du Tapis-Vert [notice]
laisse à penser que ces décors de figures humaines ou d’animaux
étaient beaucoup plus nombreux qu'on ne l'imagine aujourd'hui, en particulier
à la retombée des archivoltes des baies à remplage.