La dendrochronologie est la science qui étudie les cernes formés
annuellement dans les arbres. Ses applications sont multiples, car cette discipline
est au carrefour de problématiques variées. En plus d’être
très utilisée en climatologie ou dans le domaine des études
forestières, elle représente un outil de datation précieux
pour l’archéologue et l’historien de l’art.
Elle est utilisée comme méthode de datation appliquée
d’une part à l’archéologie du bâti par l’analyse
de charpentes, de structures en pan-de-bois et d’aménagements
intérieurs, et d’autre part à la datation d’œuvres
d’art (peintures sur panneaux, sculptures et instruments de musique).
Dans l'absolu, elle peut s'appliquer à tout objet en bois dont les
dimensions permettent d'observer des largeurs d'au moins 50 à 80 cernes
annuels.
Un peu de botanique
Les arbres des régions tempérées sont constitués
de trois parties distinctes : les racines, les branches et le tronc. Grâce
aux racines, l'arbre puise de l'eau chargée de substances nutritives
dans le sol. Celles-ci forment un liquide spécial, la sève,
qui monte vers les feuilles par le tronc et les branches.
La sève est transformée grâce à l'action de la
lumière (assimilation chlorophyllienne) et redescend, élaborée,
dans une couche de tissus protégée par l'écorce, le liber.
Le bois (qui comprend l'aubier
et le duramen)
est la partie la plus importante du tronc et de la branche. Il est formé
chaque année par le cambium, une fine couche de cellules reproductrices
située entre le liber et le bois, invisible à l'œil nu.
Comme l'activité du cambium s'arrête en hiver, chaque production
annuelle de bois (= un cerne) se voit facilement sur la coupe d'un tronc ou
d'une branche sous la forme d'un double anneau (le bois de printemps et d'été).
Chaque année (cerne) correspond à une couche claire suivie d'une
foncée.
Comment dater une maison par dendrochronologie ?
Dans le domaine des monuments anciens, la dendrochronologie est appliquée
depuis longtemps aux charpentes. L'analyse dendrochronologique et l'étude
archéologique systématique (notamment à l'aide de relevés,
de l'étude des marques d'assemblage et des traces d'outils) permettent
de dater la charpente mais aussi d'en restituer l'évolution et les
modifications successives.
Mais la datation de la charpente permet aussi de dater le bâtiment qu'elle
couvre ou un des états de celui-ci. Pour les bâtiments de très
grande taille, on peut suivre pas à pas l'évolution d'un chantier.
La confrontation des données dendrochronologiques et archéologiques
permet d'éviter les pièges : la charpente a pu être refaite
mais la toiture d'origine peut aussi subsister alors que le bâtiment
a été modifié en sous-oeuvre.
Enfin, dans l'esprit d'une approche archéologique du bâti, la
dendrochronologie est de plus en plus appliquée à l'ensemble
d'un bâtiment afin d'en saisir les différentes phases d'aménagement.
Cela concerne bien sûr des bâtiments en pan-de-bois, mais également
les bâtiments construits en pierre ou en brique, la dendrochronologie
pouvant être appliquée à tous les éléments
en bois : planchers, lambris, cloisons, escaliers, linteaux des cheminées
voire vantaux des portes...