Où habitaient les cadurciens du XIIe au XIVe siècles?
Comment bâtissait-on au moyen-Âge?
Comment fait l'archéologue pour dater une maison?
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Inventaire de Cahors : étude des édifices
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La dendrochronologie est la science qui étudie les cernes formés annuellement dans les arbres. Ses applications sont multiples, car cette discipline est au carrefour de problématiques variées. En plus d’être très utilisée en climatologie ou dans le domaine des études forestières, elle représente un outil de datation précieux pour l’archéologue et l’historien de l’art.
Elle est utilisée comme méthode de datation appliquée d’une part à l’archéologie du bâti par l’analyse de charpentes, de structures en pan-de-bois et d’aménagements intérieurs, et d’autre part à la datation d’œuvres d’art (peintures sur panneaux, sculptures et instruments de musique). Dans l'absolu, elle peut s'appliquer à tout objet en bois dont les dimensions permettent d'observer des largeurs d'au moins 50 à 80 cernes annuels.

Un peu de botanique

Les arbres des régions tempérées sont constitués de trois parties distinctes : les racines, les branches et le tronc. Grâce aux racines, l'arbre puise de l'eau chargée de substances nutritives dans le sol. Celles-ci forment un liquide spécial, la sève, qui monte vers les feuilles par le tronc et les branches.
La sève est transformée grâce à l'action de la lumière (assimilation chlorophyllienne) et redescend, élaborée, dans une couche de tissus protégée par l'écorce, le liber.
Le bois (qui comprend l'aubier et le duramen) est la partie la plus importante du tronc et de la branche. Il est formé chaque année par le cambium, une fine couche de cellules reproductrices située entre le liber et le bois, invisible à l'œil nu.
Comme l'activité du cambium s'arrête en hiver, chaque production annuelle de bois (= un cerne) se voit facilement sur la coupe d'un tronc ou d'une branche sous la forme d'un double anneau (le bois de printemps et d'été). Chaque année (cerne) correspond à une couche claire suivie d'une foncée.

Comment dater une maison par dendrochronologie ?


Dans le domaine des monuments anciens, la dendrochronologie est appliquée depuis longtemps aux charpentes. L'analyse dendrochronologique et l'étude archéologique systématique (notamment à l'aide de relevés, de l'étude des marques d'assemblage et des traces d'outils) permettent de dater la charpente mais aussi d'en restituer l'évolution et les modifications successives.
Mais la datation de la charpente permet aussi de dater le bâtiment qu'elle couvre ou un des états de celui-ci. Pour les bâtiments de très grande taille, on peut suivre pas à pas l'évolution d'un chantier. La confrontation des données dendrochronologiques et archéologiques permet d'éviter les pièges : la charpente a pu être refaite mais la toiture d'origine peut aussi subsister alors que le bâtiment a été modifié en sous-oeuvre.
Enfin, dans l'esprit d'une approche archéologique du bâti, la dendrochronologie est de plus en plus appliquée à l'ensemble d'un bâtiment afin d'en saisir les différentes phases d'aménagement. Cela concerne bien sûr des bâtiments en pan-de-bois, mais également les bâtiments construits en pierre ou en brique, la dendrochronologie pouvant être appliquée à tous les éléments en bois : planchers, lambris, cloisons, escaliers, linteaux des cheminées voire vantaux des portes...