Où habitaient les cadurciens du XIIe au XIVe siècles?
Comment bâtissait-on au Moyen-Âge?
Comment fait l'archéologue pour dater une maison?
sommaire
glossaire interactif
Inventaire de Cahors : étude des édifices
précedent
suivant

Le décor sculpté "roman"

Les maisons du XIIe et de la première moitié du XIIIe siècle à Cahors sont des constructions solides et bien bâties, aux élévations composées, mais qui ne s'intéressent que peu au décor. L’architecture civile reste imperméable à ce qui se fait sur les chantiers religieux de la ville au cours du XIIe siècle et au début du XIIIe siècle, à la cathédrale mais aussi à Saint-Géry et Saint-Urcisse où interviennent de véritables sculpteurs. Cahors se distingue nettement de ce point de vue de Figeac, sa voisine, dont les maisons s’ornent dès le XIIe siècle d’un abondant décor sculpté.
Un exemple de cette austérité nous est donné par le chapiteau à corbeille lisse d'une baie ternée au n° 124-128 rue Nationale [notice]. Quelques chapiteaux à feuillage, comme celui du N° 74 rue du Docteur-Bouscarat et un fragment d’archivolte à têtes de clou en remploi au N° 58 rue du Château-du-roi laissent néanmoins entendre que certaines façades avaient pu recevoir un décor un peu plus riche.
La plupart de ces œuvres semblent appartenir à ce que l’on appelle la sculpture "de tradition romane", cet art roman qui, dans le Midi, se prolonge sans se renouveler jusqu’au milieu du XIIIe siècle.
Par exemple, sur le chapiteau d'une baie geminée du n° 62-68 rue Sainte-Urcisse [notice], que nous pouvons situer dans la première moitié du XIIIe siècle, la couronne de feuilles lisses et les boules accrochées au tailloir perpétuent un type utilisé depuis plus d'un demi-siècle. Il s'agit d'ailleurs ici d'une sculpture ferme, d'assez belle qualité. En revanche, dans la même maison, les deux chapiteaux de la cheminée ne présentaient que des corbeilles lisses.
Un autre exemple de chapiteau de cette même période, à corbeille décorée de harpies, se trouve au n° 71 de la rue du Cheval-Blanc [notice]. Le thème et la composition de cette sculpture fruste appartiennent aux œuvres de tradition romane. Les deux harpies ont un corps d'oiseau et une tête humaine. Leurs pattes reposent sur l'astragale et les têtes sont placées sous les angles de l'abaque. Corps, ailes et têtes ne sont que des volumes ébauchés, le détail des pattes et des visages étant obtenu par une forte regravure.
Les éléments conservés montrent en outre qu'il n'y a pas de "style" cadurcien comme il y a un style figeacois. Il n'existe pas d'ateliers de sculpture et ce sont le plus souvent des tailleurs de pierre plutôt que des sculpteurs qui réalisent le décor.

(Cliquez sur les images pour les faire défiler)